Les Mises En Scène De La « Crise » à Travers Les Discours Publics Et Les Médias : Le Cas De La « Crise Décrétée » Des Services Publics Au Canada

Voilà une bonne vingtaine d’années que des représentants du milieu des affaires autant que des autorités publiques clament haut et fort la nécessité de transformer structurellement les organisations publiques et, en leur sein, les services publics (santé, éducation, etc.).  Tout cela pour solutionner une « crise » de l’interventionnisme étatique, considéré comme « trop coûteux » et faisant « obstacle » à la croissance économique.  Tour à tour sur la place publique, plusieurs dirigeants d’entreprise, entrepreneurs, représentants de différentes corporations vont tour à tour affirmer qu’il y a « urgence » d’augmenter les gains de productivité dans les services publics en réduisant les dépenses publiques et en rationalisant davantage. Tout cela afin de réduire la « dette publique » et le « fardeau fiscal » (terme qui n’est pas évidemment pas neutre).  Or, si l’on suit l’histoire socio-politique et économique des 40 dernières années, on s’aperçoit que cette « crise » a d’abord et avant tout été décrétée à des fins politiques et idéologiques.  La « crise » dont on parle tant dans les médias ne serait en fait que le résultat d’un discours visant à mettre de l’avant une autre vision de l’économie, celle d’une économie (néolibérale) fondée sur la réduction des impôts, des dépenses publiques, etc., censée favoriser la croissance économique et le « bonheur » du plus grand nombre.  Dans cette conférence, nous souhaitons montrer comment ce discours est mis en scène sur la place publique et révélé à travers certains promoteurs et porte-paroles qui ne sont absolument pas « neutres » bien qu’ils présentent la crise et sa solution comme étant inéluctables.  En partant du cas de la « crise » du système de santé, nous proposons ici une réflexion critique sur les discours et récits véhiculés sur la place publique.