De La Ville Aux Villages : Micro-Mobilisations Contre Un « Méga-Projet » D'aéroport Dans Les Forêts Du Nord D'istanbul

Depuis l’arrivée au pouvoir du Parti de la Justice et du Développement en 2001, la politique urbaine de la Turquie prend un tournant néolibéral et ne cesse de s’intensifier dans le cadre des « méga projets » d’infrastructures. Dans ce contexte, le mouvement « Gezi Park » qui a eu lieu en 2013 à Istanbul contre la destruction de l’un des rares parcs urbains de la ville représente le premier mouvement d’opposition urbaine et écologiste dans l’histoire politique de la Turquie. Ainsi, dans la période post-Gezi (2013-2016), on voit émerger un ensemble d’acteurs contestataires qui continuent de se mobiliser autour de l’écologie urbaine en opposition à la politique d’aménagement du gouvernement.

Cette communication portera sur les micro-mobilisations des habitants des villages des forêts du nord organisées par le collectif de lutte Défense des Forêts du Nord. Fondé par un groupe d’écologistes à la suite du mouvement Gezi, le collectif prend rapidement de l’ampleur et devient l’un des collectifs écologistes le plus connu au niveau national. Ces micro-mobilisations font partie de la campagne de protestation lancée contre la construction du troisième aéroport (le plus grand d’Europe en termes de capacité de vol) au sein des forêts situées dans le nord de la ville. Ainsi, il s’agit de créer des cadres d’auto-organisation au sein des villages situés en périphérie de la mégalopole sur la zone de construction du troisième aéroport. Ces villages et leurs habitants sont invisibilisés dans l’espace public en raison, entre autres, des difficultés d’accès géographique mais aussi de la nature des revendications qui ne portent pas directement sur l’espace urbain de la ville d’Istanbul et qui restent en marge. Cette recherche a été menée dans le cadre de ma thèse de doctorat et s’appuie sur des entretiens semi-directifs (40) ainsi que sur une enquête ethnographique auprès des militants (2015-2018).