De La « Lutte » à La Dépossession Environnementale, Analyse Critique d’Une Communauté Écologique De Fuite

Thursday, 10 July 2025: 09:45
Location: SJES005 (Faculty of Legal, Economic, and Social Sciences (JES))
Oral Presentation
Arthur BÉRANGER, Géolab, Université de Limoges / LAP, EHESS, France
S’inspirant d’un cadre d’analyse issue de la pensée néo-léniniste libertaire contemporaine, cette contribution propose une lecture des enjeux entourant les « communautés de fuite » en termes de lutte et d’inégalités environnementales locales. Ainsi, en se réemparant d’une nomenclature prédéfinie portant sur les communautés écologiques, nous nous attarderons sur les « communautés de fuite » qui s’éloignent de toute conflictualité vis-à-vis des institutions. Cette contribution repose sur une analyse menée depuis deux ans au sein d’une communauté de l’Ouest de la France, partagée entre enquête ethnographique durant les assemblées mensuelles et des visioconférences hebdomadaires, ainsi que de multiples entretiens individuels et collectifs avec les habitants de cette initiative néo-rurale, regroupant des individus uniquement blancs, hétérosexuels, et avec un capital économique et culturel conséquent. Dès lors, il s’agit d’interroger de manière critique la complexité qui s’articule autour des communautés de fuite, entre production d’un imaginaire de lutte et génération d’inégalités environnementales locales.

Ainsi, bien que non subversive dans son approche directe, la communauté de fuite est tout de même productrice d’idées et d’influence à son échelle, qui s'inscrivent dans un processus politique plus vaste, et considérée comme une forme de laboratoire préfiguratif. Cela se décline sous l’approche “politique” qu’implique un tel projet, et la création d’imaginaires comme – unique ? – pouvoir de lutte et d’influence sur le monde social.

Considérant toutefois que, dans son approche macroscopique, le collectif ne propose que très marginalement un projet alternatif au système socio-économique dominant par le caractère autocentré de l’initiative et l’absence d’inscription dans des projets de lutte plus globales et intersectionnelles ; il sera également pertinent de proposer l’analyse des dynamiques locales qu’incarnent ces communautés de fuite, dès lors elles-mêmes génératrices d’inégalité environnementale par le procédé de dépossession mis en place par ce type d’initiative communautaire, au détriment des habitants initialement installés.