Fragmentation Et Repositionnements Ethniques : Les Mobilisations Sociales Face Aux Pressions Extractivistes à Altamira, Amazonie Brésilienne

Cette communication examine les mobilisations sociales articulant enjeux écologiques et sociaux en Amazonie brésilienne. Nos travaux ethnographiques à Altamira, dans l’État du Pará, municipalité emblématique en raison de l’avancée du front pionnier depuis les années 1980 et la construction du barrage de Belo Monte dans les années 2000, révèlent des dynamiques complexes dans les luttes locales. Ce contexte permet d’observer à la fois des repositionnements ethniques face aux pressions extractivistes et un morcellement du tissu associatif.

Les mobilisations, autrefois centrées sur des organisations fédératrices contre la déforestation et pour la protection des « populations traditionnelles » et des « terres autochtones », se fragmentent aujourd’hui. Des dizaines d’associations défendent désormais des groupes ethniques ou communautés spécifiques. Ce morcellement s’accompagne d’une diversification des identités revendiquées, où certaines populations adoptent de nouvelles sous-catégories identitaires, comme celle d'oleiro, plutôt que de se faire reconnaître comme « indien » ou « ribeirinho ». Ces repositionnements traduisent des stratégies pour améliorer leurs conditions de vie en négociant leur place dans un contexte où les catégories traditionnelles ne suffisent plus.

Les transformations sociales et environnementales à Altamira entraînent aussi des recompositions inattendues des alliances politiques. Face aux projets industriels et aux ressources financières injectées dans certaines catégories ethniques, les communautés se trouvent tiraillées entre l’adaptation aux nouvelles réalités économiques et la différenciation avec leurs voisins. Ainsi, cette communication montre comment les mobilisations sociales à Altamira articulent les enjeux écologiques et sociaux en réponse à la crise environnementale.