Des Collectifs De Justice Environnemental En France ?

Face aux études démontrant les limites des politiques publiques du développement durable et de la transition à lutter contre les changements globaux, à protéger l’environnement et la santé des populations, de nombreux auteurs voient en l’émergence de différents mouvements sociaux, croisant préoccupations sociales et environnementales, le seul vecteur potentiel de la transformation socio-écologique attendue (Schlosberg et Craven, 2019; Temper et al., 2018; Stevis, 2020, Pruvost, 2021...).

En France où l’écologie et le social font l’objet de politiques très sectorielles (Theys, 2002), ce type de revendication décloisonnant, sans être complètement nouveau, se développe avec force depuis une dizaine d’années, en opposition au système néolibéral et politique répressif. Le vocable de la justice climatique se déploie dans l’espace publique et plus modestement celui de la justice environnementale. En juin 2023, à l’initiative d’une élue écologiste européenne, 12 collectifs de France hexagonale et d’Outre-mer, animés par des causes différentes (défense des conditions de vie des voyageurs ; des victimes de l’amiante, ou du chlordécone aux Antilles, des Gilets Jaunes etc...) définissent, à partir de leurs expériences des maux environnementaux, 26 Principes de justice environnementale. Simultanément plusieurs organisations, luttant pour l’accès à la santé ou contre les inégalités sociales et raciales, développent leurs plaidoyers en termes de justice environnementale.

Partant d’observations et d’entretiens conduits auprès de ces différents collectifs (programme de recherche JustAct), nous interrogerons le sens qu’ils donnent à la justice environnementale. Croisant théories des ressources, des opportunités politiques et cadrage (Snow, 2001), nous analyserons la portée transformatrice potentielle de ce mouvement inédit en France hexagonale et ultra-marine.