Luttes Pour Une Alimentation Durable Et Accessible En France : Vers Une « Alliance De Classes » ?
En réaction à cette inégalité d’accès, certains acteurs de la société civile, critiques du modèle d’aide alimentaire classique, cherchent à démocratiser l’accès à une alimentation durable et de qualité (Scherer, 2022; Pareul, Ndiaye, 2020). Cependant, les sciences sociales critique et les concepts d’intersectionnalité montrent qu’il est important de dépasser les seuls rapports de classe pour intégrer les dimensions de race et de genre dans la justice alimentaire. En effet, les enquêtes de terrain révèlent que les personnes les plus investies dans ces initiatives sont souvent issues des catégories privilégiées (blanches, avec un fort capital économique et culturel), qui tentent, avec des succès variables, de mobiliser des personnes des classes populaires, racisées et des femmes. Ces acteurs sont parfois accusés de gentrifier ou coloniser les quartiers populaires (Guthman, 2008), et de déposséder les classes populaires des enjeux écologiques (Comby, 2015; Ouassak, 2023).
Cette communication s’appuie sur des entretiens exploratoires avec des acteurs de la solidarité alimentaire en France et sur un terrain spécifique à Marseille. L’objectif est d’interroger les mobilisations autour de l’alimentation durable à la lumière des inégalités sociales et environnementales, et d'explorer dans quelle mesure ces initiatives peuvent favoriser une alliance entre classes ou reproduire des formes d'exclusion.