Vers Une Coproduction Décolonisante Des Savoirs Spatiaux Et Environnementaux Au Maroc
Cette déconnexion reflète en partie la manière dont la planification spatiale est conceptualisée dans les milieux académiques et professionnels. La majorité des enseignants et des praticiens sont issus du même système, perpétuant ainsi une approche centralisée du développement territorial, qui tend à marginaliser la contribution potentielle des populations locales. Par conséquent, les visions spatiales produites se révèlent souvent inadéquates pour répondre aux besoins réels sur le terrain.
Dans ce contexte, cette étude s'appuie sur nos travaux antérieurs, plaidant pour un rapprochement des pratiques professionnelles avec l’informalité et, par extension, avec les citoyens. En mobilisant l’institutionnalisme sociologique, nous analyserons comment les cultures professionnelles héritées de l’ère coloniale et celles de l’urbanité populaire influencent les contraintes et opportunités institutionnelles au Maroc. Par le prisme de l'institutionnalisme discursif, nous explorerons également comment les discours peuvent transformer des idées individuelles en actions collectives dans le cadre des recherches participatives, tout en examinant l'équilibre entre la capacité d'agir des professionnels, souvent sous l’emprise des structures étatiques, et celle des populations marginalisées par un système peu ouvert à la participation citoyenne.
L’objectif final est d’explorer le potentiel de la coproduction des savoirs spatiaux et environnementaux en tant qu’outil de résistance face aux récits coloniaux qui ont longtemps structuré les environnements urbains et régionaux marocains.