La Télésanté à l'Épreuve des Savoirs Profanes

Résumé de la proposition : Le principe d’une fracture numérique recèle très souvent un implicite, à savoir que l’évolution des sociétés humaines suivrait une seule voie dont le développement des technologies numériques, ou la communication numérique, serait le modèle. Mais ce que mettent en relief les inégalités d’accès ou d’usage à ces technologies est, d’une part, qu’il existe différents modes de communications dont certains sont rétifs à la numérisation (et il faudra s’interroger sur les savoirs alternatifs sous-jacents à ces « résistances »), d’autre part que l’existence d’autres modalités de connaissance et de savoir suppose d’autres trajectoires technologiques que celles qui sont actuellement proposées ou imposées. Tout l’intérêt de l’examen de ces pratiques de braconnage ou de résistances consiste justement à mettre en lumière, et à réactualiser la pluralité des formes d’intelligence pratique non prises en compte dans ce modèle unique. Par comparaison cela nous invite également à interroger les changements en profondeurs induits par l’extension du paradigme numérique sur les cadres de l’expérience commune. C’est ce que nous proposerons de faire en partant de l’exemple de la télésanté. Nous montrerons en particulier que les difficultés formulées dans un langage avant tout technique (celui de l’ingénierie informatique) reflètent en même temps qu’elles recouvrent des réalités incommensurables avec les procédures de modélisation algorithmiques actuelles (savoirs profanes, amateurs, à base historique avec une prévalence des situations particulières, des cas individuels, des éléments biographiques…). Nous illustrerons ce point à partir du cas de la domotique et de la robotique personnelle dans le cadre de l’assistance aux personnes (robotique personnelle ou cobotique pour robotique collaborative), mais également des usages des smart technologies et des réseaux sociaux  dans le domaine de l’autonomie et de la santé.