Les Transformations Du Travail Professoral : Origines, Fondements Et Enjeux

Les universités font l’objet depuis au moins deux bonnes décennies d’une transformation majeure de leur mission, dans la foulée de la mise en place de ce que plusieurs ont considéré comme étant une société néolibérale (Freitag, 1995).  On parle de plus en plus de performance, d’efficacité, de compétitivité, de productivité, etc., pour spécifier les valeurs autour desquelles on voudrait réorganiser le travail professoral.  Or ces valeurs, qui prévalent dans le secteur privé, amènent avec elles de nouvelles contraintes qui ont des impacts directs sur le sens même du travail des professeurs d’université (entre autres chez les jeunes professeurs).  Comme l’indique Lebuis, « les nouvelles professeures et les nouveaux professeurs sont projetés dans une culture organisationnelle et dans des pratiques gestionnaires qui n’étaient pas celles qu’ont connues leurs collègues à leur entrée à l’université, que celle-ci remonte à plus de trente ans ou même à seulement une dizaine d’années (2006, 57). On en demande beaucoup et de plus en plus aux professeurs d’université.  Ainsi observe-t-on une tendance à l’augmentation des problèmes liés au stress et à l’anxiété en milieu de travail.  Dans son dernier rapport, l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU) en arrive aux conclusions que le niveau de stress et d’anxiété chez les professeurs d’université est très élevé et tend à augmenter de manière croissante. Dans le cadre de cette conférence, nous allons présenter les témoignages que nous avons recueillis à la suite d’une collecte de données conduite auprès de professeurs d’université en 2012.  Nous avons effectué 17 entrevues auprès des membres du corps professoral d’une université ontarienne (Canada).  Nous allons mettre en lumière, à la lumière des témoignages recueillis, la nature des contraintes et des pressions qui pèsent sur les professeurs dans leur quotidien en mettant au cœur de l’analyse les transformations globales de l’université.