Du Problème Social De La Violence à L'école à L'expérience Enfantine

La violence à l’école est dénoncée comme fléau social depuis le début des années 1990 dans les pays occidentaux. La mondialisation du problème social de la violence, via les instances et enquêtes internationales, renvoie la représentation d’une jeunesse dangereuse ou en danger de le devenir, et ce, de plus en plus précocement. Les explications sous-jacentes aux catégories utilisées relèvent d’une responsabilité de l’individu et de sa famille, souffrant d’un déficit de socialisation ou baignant dans une culture de la violence.

 Toute autre est l’image de la violence à l’école lorsqu’on accepte de prendre en compte ce que disent les élèves sur ce qu’ils vivent à l’école. Nos recherches, depuis l’enquête qui a porté sur une échantillon représentatif de 31 écoles du département du Nord en France et 2000 élèves (et leurs enseignants) (Carra, 2009) montrent que la violence constitue une dimension significative de l'expérience des élèves en France. Elle se définit dans le rapport aux pairs se structurant lui-même dans les rapports d'âge et de genre en fonction des normes de socialisation enfantine.

 L'expression des violences apparaît par ailleurs fortement différenciée selon les écoles, les inégalités sociales et scolaires pesant sur l’expérience de violence des élèves. Elle varie également en fonction des pratiques professionnelles. On est bien loin des explications mondialisées de la violence à l’école. Loin d’une violence générée par le seul individu, qu’elle relève d’un déficit de socialisation, ou d’une pathologie, le contexte socio-scolaire et les pratiques professionnelles sont à interroger.

 Aborder la violence à l’école en s’inscrivant dans une sociologie de l’enfance conduit ainsi à une redéfinition des catégories dominantes (et adulto-centrées) et des problématiques.

 Carra C., Faggianelli D. (2011) : Les violences à l'école. Paris : PUF, coll. QSJ.

Carra C. (2009) : Violences à l'école élémentaire : l'expérience des élèves et des enseignants. Paris : PUF.