L'accompagnement Des Mobilités Résidentielles Des Salariés à L'épreuve De La Crise : La Perte D'efficacité D'un Dispositif De Conciliation Des Trajectoires Professionnelles Et Personnelles

Les mobilités résidentielles liées à l'emploi posent directement la question de l’articulation de la vie professionnelle et de la vie privée des salariés. Sous l’impulsion de l’organisation paritaire du « 1% Logement », des dispositifs ont été mis en place en France au début des années 2000 pour faciliter cette articulation, notamment en favorisant l’accès des salariés à des prestations professionnelles d’accompagnement des mobilités résidentielles. Cette initiative a su séduire les employeurs comme les salariés. Elle aide à mieux concilier les dimensions professionnelle et privée des trajectoires de ces derniers par la prise en compte des enjeux territoriaux liés aux mobilités géographiques et par un réel soutien aux salariés les moins bien dotés pour y faire face.

On verra comment le contexte économique de la fin des années 2000 en France a remis en cause ce dispositif. La fragilisation financière du 1% Logement a joué un rôle, mais aussi le changement de comportement des employeurs eux-mêmes qui exercent une forte pression à la baisse sur les prix des prestations. Dans un contexte de ralentissement économique général, et donc de recul des mobilités géographiques liées à l’emploi, les prestataires adoptent eux-mêmes des pratiques commerciales de plus en plus agressives qui mettent progressivement au second plan l’accompagnement des salariés à proprement parler.

L’évolution de l’accompagnement des mobilités géographiques des salariés en période d’austérité se fait donc au détriment des salariés les moins bien dotés, et durcit sensiblement les termes de l’arbitrage entre vie professionnelle et vie privée. Elle les resserre sur des choix plus tranchés, par exemple entre l’immobilité et le sacrifice de la vie personnelle et familiale. On verra cependant que le contexte d’austérité est aussi propice aux tentatives d’innovation de la part des salariés mobiles, notamment par le recours à la multilocalité résidentielle.