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La Crise Racontée Par La Télévision Française
S’agissant des fictions télévisées (séries et téléfilms), sous réserve de quelques notables exceptions qui donneront lieu à un éclairage spécifique, le modèle régulièrement dupliqué ignore la crise, en ne représentant que des milieux sociaux qui y échappent. Les exclus, lorsqu’ils apparaissent font figure d’accidents individuels. La télévision publique n’apparaît pas, à cet égard, fondamentalement différente de la télévision privée. L’exemple emblématique, de la série quotidienne Plus belle la vie (France 3), alors même qu’elle a la vertu d’illustrer les grandes questions sociétales du temps présent (racisme, homosexualité, environnement, problèmes familiaux…) ne comporte parmi ses personnages ni chômeur, ni ouvrier, en claire opposition avec les séries britanniques comparables. Les inégalités de représentation y apparaissent bien comme des inégalités de classe.
Des tendances comparables caractérisent, selon d’autres voies, les émissions de débat politique, nombreuses sur les chaines publiques : la première traduction d’inégalités concerne les experts et « intellectuels » invités, quasiment toujours les mêmes, fondant la distinction entre une minorité « visible » et la majorité des « invisibles ». Et ces mêmes experts partagent le même discours néo-libéral d’appréhension de la crise, imputée à l’inadaptation des salariés aux nouveaux principes du marché du travail.