244.1
La Crise Racontée Par La Télévision Française

Monday, July 14, 2014: 7:30 PM
Room: Booth 43
Oral Presentation
Serge REGOURD , Public Law, Université Toulouse Capitole, Toulouse, France
Cette communication se présente en forme de décryptage et d’analyse, sur une période d’une année, des programmes de la télévision française (grandes chaines historiques, TF1 et France Télévisions)  concernant la représentation de la crise selon deux catégories d’émissions : fictions télévisées d’une part, et émissions de débats politiques, d’autre part, illustrant et légitimant conjointement un discours de l’inégalité.

S’agissant des fictions télévisées (séries et  téléfilms),  sous réserve de quelques notables exceptions qui donneront lieu à un éclairage spécifique, le modèle régulièrement dupliqué ignore la crise, en ne représentant que des milieux sociaux qui y échappent. Les exclus, lorsqu’ils apparaissent font figure d’accidents individuels. La télévision publique n’apparaît pas, à cet égard, fondamentalement différente de la télévision privée. L’exemple emblématique, de la série quotidienne  Plus belle la vie (France 3), alors même qu’elle a la vertu d’illustrer les grandes questions sociétales du temps présent (racisme, homosexualité, environnement, problèmes familiaux…) ne comporte parmi ses personnages ni chômeur, ni ouvrier, en claire opposition avec les séries britanniques comparables. Les inégalités de représentation y apparaissent bien comme des inégalités de classe.

Des tendances comparables caractérisent, selon d’autres voies, les émissions de débat politique, nombreuses sur les chaines publiques : la première traduction d’inégalités concerne les experts et  « intellectuels » invités, quasiment toujours les mêmes, fondant la distinction entre une minorité « visible » et la majorité des « invisibles ». Et ces mêmes experts partagent le même discours néo-libéral d’appréhension de la crise, imputée à l’inadaptation des salariés aux nouveaux principes du marché du travail.