JS-66.2
Montée Des « Risques Psychosociaux » Et Redéploiement De La Critique Du Travail : Opportunité Ou Piège ?

Friday, July 18, 2014: 8:45 AM
Room: 304
Oral Presentation
Cristina NIZZOLI , 13001, LEST - CNRS, France
Paul BOUFFARTIGUES , LEST- CNRS, Aix en Provence, France
C’est dans une conjoncture d’affaiblissement et de professionnalisation des syndicats que s’élargissent les formes de l’exploitation, qui se traduisent par des atteintes plus fréquentes à la santé mentale des travailleurs. Ces atteintes sont désormais catégorisées comme « Risques Psychosociaux ». Cette notion l’a emporté sur d’autres – comme la « souffrance », ou le « stress » - parce que les professionnels de la santé au travail et de sa négociation collective ont réussi à l’intégrer dans la problématique pré-existante des « risques professionnels ».

La montée en puissance de cette catégorie est à la fois une opportunité et un piège. Elle ouvre la possibilité d’interroger les facteurs collectifs de risque, à la source des difficultés psychologiques et individualisées des salariés. Mais elle peut refermer le débat sur les sources organisationnelles de ces difficultés en mettant l’accent sur la nécessité de « protéger » de ces risques les travailleurs vus comme opérateurs passifs, confrontés à un environnement hostile. Et donc d’ouvrir la voie à un nouvel hygiénisme. L’opportunité offerte de mettre en place des espaces collectifs de controverse sur les enjeux d’organisation, de qualité ou d’efficacité de l’activité n’est pas saisie. Les « RPS » fonctionnent alors comme un piège, tenant éloignés syndicalistes et représentants du personnel des salariés et de leur expertise que ces derniers détiennent sur le travail et les sources organisationnelles de leurs difficultés.

A partir d’une série d’enquêtes de terrains en cours on montrera le rôle des contextes d’action qui sont ceux des équipes syndicales dans l’éventail des situations rencontrées. Elles vont de l’intégration à des dispositifs managériaux visant à « soigner les travailleurs les plus fragiles » à des expériences d’écoute syndicale de l’expérience laborieuse, revivifiant à la fois la pratique syndicale et la critique de l’organisation du travail.