JS-66.4
Reproduction Ou Transformation Des Organisations Du Travail Dans Les Coopératives De L'Économie Solidaire Au Brésil

Friday, July 18, 2014: 9:15 AM
Room: 304
Oral Presentation
Carole YEROCHEWSKI , Université de Montréal, CRIMT, GIREPS, Canada
Cette communication propose un éclairage sur la façon dont des syndicats de la CUT  (Centrale unique des travailleurs, principale confédération syndicale au Brésil) sont amenés à prendre en compte le rapport au travail des personnes considérées peu qualifiées, en s’appuyant sur l’observation des pratiques sociales et des identités collectives dans le mouvement de l’économie solidaire au Brésil. Celui-ci rassemble des coopératives et associations de production d’horizons divers (anciennes entreprises industrielles récupérées par les travailleurs, création d’activités de faible valeur ajoutée en couture, alimentation, collecte et tri des matériaux recyclables…, coopératives d’agriculteurs familiaux), qui ont en commun d’être autogérées. Cependant, les pratiques d’autogestion diffèrent, notamment sous l’angle de l’organisation du travail, qui peut reproduire ou au contraire remettre en cause les divisions hiérarchisées du travail entre qualifiés et non qualifiés et entre sexe.

Si des syndicats peuvent appuyer des pratiques transformatrices de rapports sociaux au travail, ils n’en sont pas le plus souvent à l’initiative. Ils justifient plutôt de perpétuer les divisions hiérarchisées du travail au nom de la compétitivité des coopératives et de l’amélioration des conditions d’emploi et de salaire, maintenant les personnes peu qualifiées dans un rapport instrumental et hétéronome au travail.

L’étude de cas indique par ailleurs que les femmes tiennent, collectivement, un rôle de premier plan dans la subversion des rapports traditionnels au travail et dans la ré-articulation des identités au travail et hors travail. En prenant appui sur les notions d’identité collective de Melucci et de transaction identitaire de Dubar, l’étude permet d’explorer comment s’effectue cette ré-articulation et pourquoi elle est porteuse de pratiques autogestionnaires réelles et non pas seulement formelles (au sens où l’autogestion se réduit à la tenue d’assemblées générales). Ces résultats participent des questionnements sur la notion de travail.