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Travailler « En 12h » à L'hôpital Public : Quand Les Politiques D'austérité De L'hôpital Public Rencontrent « L'accélération Sociale Du Temps »

Wednesday, July 16, 2014: 5:45 PM
Room: 415
Oral Presentation
Fanny VINCENT , Irisso - Institut Interdisciplinaire En Sciences Sociales, université paris dauphine, Paris, France
Dans nos sociétés prises dans ce que le philosophe allemand Hermut Rosa appelle l’ « accélération sociale du temps », et face à la dégradation des conditions de travail dans un contexte d’austérité, maitriser son temps de travail est un enjeu. Et ce d’autant plus dans le milieu hospitalier où temps de travail est souvent synonyme de don de sa personne. 

Depuis une dizaine d’années une forme de travail atypique se développe, à la limite de la légalité, dans les équipes soignantes des hôpitaux français : le travail en 12 heures d’affilée. Présenté par les directions des hôpitaux comme une solution pour pourvoir les postes vacants, le travail en 12h permet aussi à court terme d’économiser des postes en supprimant les temps de chevauchement entre les équipes.

Mais pour les soignants eux-mêmes, ne travaillant « plus que » 12 jours sur 28, les 12h permettent d’avoir plus de temps pour sa vie privée. En effet, à la différence des plannings traditionnels en 8h, travailler en 12h permet d’obtenir un roulement fixe et de dégager mécaniquement du temps pour cumuler une deuxième activité face à au gel des salaires.

Notre exposé s’appuiera sur les premières conclusions d’une enquête ethnographique de plusieurs mois menée dans divers services d’hôpitaux parisiens, ainsi que d’entretiens avec les soignants, dans le cadre d’une thèse engagée depuis octobre 2012. Nous montrerons que ce qui apparait comme un consensus inédit entre les directions et les soignants autour d’un meilleur équilibre entre travail et famille, est en fait un moyen pour les soignants de fuir un travail qui s’est intensifié depuis que les politiques de restriction des dépenses et de maximisation de la productivité se sont imposées ces dernières années à l’hôpital : « au moins on ne revient pas travailler tous les jours ! ».