254.5
L'appropriation Des Réseaux Sociaux : Des inégalités Sociales Et Culturelles ?

Thursday, July 17, 2014: 4:45 PM
Room: Booth 43
Oral Presentation
Corinne MARTIN , Université de Lorraine, METZ, France
Dans le cadre de la thématique « Technologies de communication et inégalités », nous proposons d’analyser les inégalités sociales et culturelles révélées dans l’appropriation des réseaux sociaux par les usagers.

Pour repérer certaines de ces inégalités, un focus est réalisé sur quelques situations extrêmes de violence et domination sociale dans l’élaboration du processus interactif de construction de l’identité numérique sur Facebook et Spotted/Facebook. Grâce à l’analyse de profils, commentaires et tags, diverses formes de stigmatisation sociale, injure et diffamation (espace à la fois privé/public) sont classifiées, et interrogées comme autant de traces/marques faisant irruption dans ce processus de construction identitaire.

En quoi l’ordre de l'interaction (Goffman) est-il opérant et reproductible dans la négociation de cette mise en scène de soi en ligne ? Comment articuler le concept de face avec cette représentation de soi socio-techniquement contrainte ? Le profil de ces usagers en termes de capital social et culturel – ses déficits ? – en ferait-il les nouvelles victimes sacrifiées dans l’affirmation du lien social ? La complémentarité online/face-à-face est importante. Ré-explorer le concept d’empathie (avec son corollaire, le partage des émotions et affects), interroger l’éthique du visage (Levinas) et son devoir de responsabilité permettent de comprendre l’évolution de ces interactions à distance. Et si les TIC participent de la montée de l’urgence généralisée (Jauréguiberry, Aubert), nous montrerons combien l’injonction (la fatigue ?) à participer à ce flux informationnel génère diverses formes d’instabilité dans le travail sans cesse renouvelé de cette construction identitaire.

Exploitant l’hypothèse selon laquelle la colère est plus influente pour s’exprimer sur Facebook que la joie ou la tristesse, nous avons ouvert un blog pour recueillir des témoignages d’usagers victimes ou témoins. Ces données empiriques sont complétées par des entretiens semi-directifs (n= 20) et des focus group.