255.4
Inégalités Sociales Et Capital Numérique
Les recherches actuelles étudient ce phénomène selon deux directions : sous l’angle d’un processus relationnel (qui influence qui ?), et à partir de la problématique de sa mesure (quelles sont les variables qui traduisent le mieux la notion d’influence ?). En revanche, ces travaux ont délaissé une question centrale : comment devient-on influent sur Twitter ?
En s’interrogeant sur la manière dont se produit l’influence au sein de la twittosphère politique, cette communication s’intéresse aux mécanismes d’accumulation et de reproduction du capital numérique.
À partir de l’étude de plusieurs centaines de milliers de comptes, nous avons identifié deux logiques d’accumulation du capital numérique. La première repose sur une accumulation progressive de la part d’agents n’occupant pas de positions dominantes en dehors de l’espace numérique. Dans ce cas, il n’existe pas de conversion de capitaux du offline vers le online. A l’opposé, nous avons identifié un second mode d’accumulation reposant sur la conversion de capitaux de la part d’agents disposant d’importantes ressources offline. Pour ce second type d’agents, l’espace numérique prolonge et renforce des positions d’influence préexistantes.
À partir d’une sélection de tweets émis pendant la campagne présidentielle 2012, nous avons constitué un panel des 1048 comptes Twitter les plus « influents » sur le plan politique. Ces comptes ont été systématiquement analysés et codés de manière à déterminer avec précision les positions sociales - offline et online - de leurs auteurs.
Nos résultats permettent d’établir que dans la majorité des cas l’influence numérique est déterminée par la possession préalable d’un important volume de capital offline. Néanmoins un certain nombre de comptes semblent échapper à cette logique. Avoir été un primo-arrivant sur Twitter peut permettre de pallier ce déficit de capital initial.