255.5
Information Et Participation Politiques En Ligne: Inégalités Ou Fracture ?

Thursday, July 17, 2014: 6:30 PM
Room: Booth 43
Oral Presentation
Stéphanie WOJCIK , Université Paris Est Créteil (UPEC), France
Dans les recherches interrogeant les rapports entre politique et numérique, l'une des thèses les plus discutées porte sur l'existence d'une "fracture civique" entre citoyens, engendrée par la difficulté croissante à trouver et organiser l'information pertinente, dans un contexte de profusion, de flux informationnels démultipliés par les réseaux numériques. Autrement dit, les individus qui seraient déjà motivés et intéressés par les questions politiques bénéficieraient pleinement du web comme ressource d'information, mais ceux qui seraient peu motivés n'en tireraient pas réellement profit, ce gain informationnel serait donc marginal. Cette fracture civique reposerait sur l’inégale répartition des compétences d'individus disposant de manière variable de capitaux culturels et cognitifs. A cette fracture, viennent s'ajouter d'autres thèses sur la contribution des médias, de masse et numérique, à soutenir voire à accroître l'apathie civique. En effet, la multiplication d'offres thématiques numériques ou câblées et la personnalisation des contenus permettraient aux individus qui préfèrent le divertissement de profiter d'opportunités encore plus nombreuses de ne pas être exposés à l'actualité politique. Les technologies de l'information et de la communication apparaissent dès lors comme les auxiliaires du désengagement civique d'individus auxquels ferait de plus en plus défaut un niveau même basique de connaissances politiques. Le caractère alarmiste de cette proposition a été récemment contrebalancé par plusieurs récents travaux qui incitent notamment à appréhender de manière modulaire l'intensité des effets de l'information en ligne sur les internautes certes en fonction de déterminants classiques (âge, sexe) mais aussi de leurs préférences à l'égard de certains types de dispositifs numériques. Nous proposons de discuter ces différentes thèses à partir de données recueillies par questionnaire durant les trois semaines qui suivirent en France l’élection présidentielle de 2012, auprès de 827 internautes français ayant utilisé Internet à des fins électorales (recherche d'information ou prise de parole en ligne) pendant la campagne.